Entrepreneure panafricaine, et fervente défenseuse de l’investissement féminin, Valérie Neim s’impose comme une figure incontournable du développement économique en Afrique. À la tête d’Invictae et de Brazza Transactions, elle œuvre pour structurer le financement des PME et des femmes entrepreneures africaines. Rencontre avec une femme de conviction.
Madame Neim, pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je suis une entrepreneure panafricaine, passionnée par le développement économique du continent. À travers Invictae et Brazza Transactions, mon engagement se concentre sur la création d’opportunités d’investissement pour les femmes leaders africaines. Mon objectif est d’accompagner ces actrices majeures de l’économie dans leur quête de financement et d’expansion, en leur donnant accès à des solutions adaptées et en favorisant leur connexion avec les investisseurs.
Vous êtes à la tête de Brazza Transactions. Quelle est la mission de cette entreprise ?
Brazza Transactions est un cabinet spécialisé dans le FOREX et le conseil. Nous avons développé un modèle permettant aux entrepreneurs et investisseurs africains de structurer leurs actifs. Une attention particulière est portée à la diaspora africaine, qui représente un moteur d’investissement stratégique pour le continent.
Vous avez également fondé Invictae. De quoi s’agit-il ?
Invictae est le premier réseau d’impact dédié aux femmes leaders africaines. Nous offrons à ces entrepreneures des opportunités de financement et un accès privilégié aux investisseurs internationaux. Aujourd’hui, nous intensifions nos efforts sur le capital-risque et les levées de fonds pour les femmes à haut patrimoine souhaitant investir et développer des entreprises à grande échelle. L’Afrique regorge de talents féminins qui ne demandent qu’à être soutenus financièrement et stratégiquement.
Quels sont, selon vous, les principaux obstacles rencontrés par les PME en Afrique ?
L’accès au financement reste le défi majeur. Beaucoup de PME disposent de modèles économiques viables mais peinent à répondre aux critères des institutions financières classiques. C’est pourquoi, à travers Invictae, nous proposons des solutions alternatives : financement participatif, capital-investissement et fonds dédiés aux entreprises dirigées par des femmes. L’objectif est de construire un écosystème financier plus inclusif, qui permette aux entrepreneurs africains de se développer sans être dépendants uniquement du système bancaire traditionnel.
Fort de votre double expérience en Afrique et à l’international, comment évaluez-vous les différences entre ces deux environnements financiers ?
Le potentiel africain est immense.
Toutefois notre écosystème financier reste sujet à améliorer en matière de structuration. En Europe et aux États-Unis, les entreprises ont accès à une diversité de financements : venture capital, private equity, business angels… En Afrique, ces mécanismes sont encore peu développés. C’est là qu’Invictae joue un rôle clé en mettant en relation les femmes entrepreneures et les investisseurs internationaux, afin d’accélérer leur croissance et renforcer leur compétitivité.
Comment Invictae et Brazza Transactions accompagnent-ils la diaspora africaine dans ses investissements en Afrique ?
La diaspora africaine dispose d’un fort pouvoir d’investissement, mais elle manque souvent de structures adaptées pour canaliser ses fonds efficacement. Nous avons donc mis en place des solutions sur mesure pour le rapatriement des fonds. Aussi, Invictae permet aux femmes de la diaspora de co-investir dans des entreprises locales portées par les femmes, en bénéficiant d’un cadre structuré et d’un réseau puissant.
Quel message souhaitez-vous adresser aux jeunes femmes africaines qui aspirent à des postes de leadership ?
Ayez de l’ambition et cultivez votre vision. Trop souvent, les femmes hésitent à s’imposer dans des secteurs stratégiques comme la finance, l’industrie ou la technologie. Il est essentiel de briser ces barrières, de chercher les opportunités, de se former continuellement, d’intégrer des réseaux influents et de se faire accompagner par un mentor car le mentorat joue un rôle clé dans l’évolution des carrières féminines.
Vous avez reçu plusieurs distinctions prestigieuses. Quelle signification ont-elles pour vous ?
Ces reconnaissances sont une validation du travail que nous accomplissons depuis plus de 15 ans dans le leadership féminin en Afrique et au-delà. Être classée parmi les 100 Africains les plus influents en 2024) Harare ou recevoir le prix Femmes d’Afrique en Action à Monaco sont des marqueurs de notre impact sur l’écosystème financier africain. Mais au-delà des récompenses, c’est le changement tangible que nous apportons qui compte le plus.
Quel message souhaitez-vous adresser aux jeunes Africains engagés dans le développement du continent ?
Osez et entreprenez ! L’Afrique est un terrain d’opportunités qui a besoin de leaders audacieux et visionnaires. Il faut commencer ensemble à bâtir nos propres modèles économiques, financer nos entreprises et structurer nos réseaux d’affaires. L’avenir du continent repose sur notre capacité à agir dès maintenant.