Vue panoramique de la ville d’Abidjan, centre économique et politique majeur de la Côte d’Ivoire.

Côte d’Ivoire : les enjeux économiques derrière une nouvelle candidature du président Ouattara

Analyse de l’impact de la stabilité politique et de la candidature d’Alassane Ouattara en 2025 sur la croissance économique en Côte d’Ivoire.

 

La stabilité politique est l’un des piliers fondamentaux de la croissance économique. En Côte d’Ivoire, cette règle est d’autant plus vraie que le pays sort de plusieurs décennies marquées par des tensions politiques et des crises sociales. Depuis 2011, sous la présidence d’Alassane Ouattara, l’économie ivoirienne connaît une transformation remarquable avec un taux de croissance avoisinant les 6 à 8 % par an. Cependant, l’annonce éventuelle d’une nouvelle candidature du président Ouattara en 2025 après deux mandats constitutionnels et un troisième mandat controversé en 2020 soulève de nombreuses interrogations, notamment sur l’impact économique d’un tel choix politique.

Sur le papier, une continuité du pouvoir peut être interprétée positivement par les milieux d’affaires. Alassane Ouattara, ancien haut responsable du FMI, bénéficie d’une solide crédibilité auprès des bailleurs de fonds internationaux. Une nouvelle candidature pourrait être perçue comme le prolongement d’une politique économique cohérente, orientée vers les infrastructures, la stabilité macroéconomique et les investissements étrangers.

Les investisseurs étrangers, notamment dans les secteurs des BTP, des télécoms, de l’énergie et de l’agriculture, pourraient y voir un signal de prévisibilité politique, gage de sécurité pour les affaires.

Mais ce scénario de stabilité dépend entièrement de la réaction du paysage politique et social. Une nouvelle candidature de Ouattara pourrait raviver les tensions politiques, notamment si elle est jugée contraire à l’alternance ou aux principes démocratiques. En 2020, la crise électorale liée au troisième mandat a entraîné plus de 80 morts et affaibli temporairement la confiance des investisseurs.

Une telle situation pourrait engendrer :

  • Un ralentissement des investissements privés ;
  • Une augmentation du risque-pays noté par les agences internationales (Moody’s, Fitch, etc.) ;
  • Une fuite des capitaux, notamment ceux des entreprises locales en quête de stabilité juridique et fiscale ;
  • Des tensions sur le marché du crédit, avec des banques plus frileuses à financer les entreprises locales.

L’économie réelle est sensible au climat politique. En cas de montée des tensions :

  • Les ménages adoptent une posture attentiste, réduisant leur consommation ;
  • Les PME, moteur essentiel de l’économie ivoirienne, peuvent reporter leurs projets d’investissement, de recrutement ou de développement ;
  • La productivité diminue, surtout dans les secteurs informels et agricoles qui restent les plus vulnérables à l’instabilité.

Certains secteurs seraient particulièrement sensibles à un climat politique instable :

  • Le cacao : La Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial. Toute perturbation dans la chaîne de production ou d’exportation affecte directement les revenus de l’État et des producteurs.
  • Les infrastructures : Le gouvernement a engagé de nombreux chantiers (ponts, routes, lignes ferroviaires). L’incertitude politique pourrait entraîner des retards, voire l’annulation de financements par les bailleurs de fonds internationaux.
  • Le tourisme d’affaires et les services : en croissance depuis quelques années, ce secteur pourrait subir un recul net en cas d’instabilité perçue.

L’approche d’une élection est souvent synonyme de dépenses publiques accrues : embauches dans le secteur public, subventions électoralistes, grands projets de dernière minute. Ces dépenses peuvent alourdir le déficit budgétaire, surtout si les recettes fiscales stagnent à cause d’un climat des affaires incertain.

Un déséquilibre budgétaire prolongé pourrait :

  • Augmenter la dette publique ;
  • Rendre le pays dépendant de financements extérieurs à des taux plus élevés ;
  • Ralentir les projets de développement social (éducation, santé, emploi des jeunes).

Les partenaires économiques de la Côte d’Ivoire, notamment l’Union européenne, la Banque mondiale et le FMI, observent de près l’évolution du processus démocratique. Une perception de dérive autoritaire pourrait compromettre les aides budgétaires, les financements d’infrastructures ou les accords de coopération.

À l’inverse, un climat apaisé, même avec une candidature controversée, mais bien gérée sur le plan institutionnel, pourrait préserver les flux d’investissements et rassurer les marchés.

L’annonce d’une nouvelle candidature du président Ouattara ne constitue pas un évènement neutre pour l’économie. Elle peut, selon la manière dont elle est perçue et gérée, soit consolider l’élan économique de la Côte d’Ivoire, soit exposer le pays à un ralentissement, voire à des tensions internes susceptibles de compromettre les acquis des dix dernières années.

Tout dépendra de la gestion politique du moment : capacité à dialoguer avec l’opposition, transparence du processus électoral, et communication gouvernementale. L’économie ivoirienne a prouvé sa résilience ; il s’agit désormais de préserver un climat de confiance, condition sine qua non pour une croissance inclusive et durable.

 

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